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"Jeunes, Inégalités sociales et Périphérie" : un nouveau réseau international

Les événements récents l’ont montré à l’automne 2005 ou, plus récemment, en Grèce : les émeutes urbaines reflètent une période de crise de la jeunesse et des politiques éducatives. Les jeunes des cités, plus particulièrement, sont à la fois sources d’inquiétude et objets de stigmates. Par la violence, ils tentent de dissiper une détresse intérieure et une crise identitaire. Mais en écartant d’emblée le tout sécuritaire, qui entretient leur enfermement et par voie de conséquence la spirale des délinquances, Joëlle Bordet pose simplement le postulat suivant : comment faire appel à l’énergie et à la créativité des jeunes, eux-mêmes victimes d’une insécurité sociale, pour construire la société avec eux ?

Un réseau de soutien et de recherche-intervention

Au-delà des questions à proprement parler urbaines, c'est-à-dire des lieux et des usages, la question du sujet dans sa dimension psychique mérite d’être explorée. En réunissant des anthropologues, des médecins, des psychanalystes, des psycho-sociologues, des linguistes, des éducateurs et des formateurs, le réseau baptisé "Jeunes, Inégalités sociales et Périphérie" se veut pluraliste. Non seulement pour être en mesure de replacer le sujet au centre de l’échiquier, mais aussi pour s’inscrire dans une démarche de recherche appliquée. Pour Joëlle Bordet, "il ne s’agit pas de créer un réseau de mise en perspective de simples résultats de recherche, mais de créer un réseau opérationnel, capable d’organiser des événements et de mener des programmes de recherche-action." Autrement dit, de se donner les moyens de réaliser des programmes en France et dans le monde. Comme ceux présentés par les participants au réseau opérationnel lors de son premier séminaire à Paris : une coopération européenne (réunissant jeunes Polonais, Français et Allemands en danger de marginalisation sociale) pour la création d’un manuel de référence pour les éducateurs, un travail de terrain avec les enfants des rues de Russie ; ou encore un renforcement des liens sociaux pour les adolescents des favelas de Brasilia.

Combiné au pluralisme disciplinaire, ce multiculturalisme qui se présente comme une ressource et un point d’appui aux différents acteurs, incarne une réelle volonté de travail transversal. Si les situations rencontrées au gré des pays et des contextes seront très diverses, elles permettront la mise en résonance de thèmes de réflexion communs. En France comme ailleurs, le bon positionnement et la justesse des propositions ne pourront s’établir dans l’isolement. Pour le CSTB, la démarche s’inscrit dans un cadre d’action régulièrement tourné vers l’international et confirme qu’un centre technologique, amené à travailler sur des objets techniques, dépend également d’enjeux sociétaux.