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Toulouse-Blagnac : raidisseurs en verre de plus de 16 mètres

A l’inverse des façades du satellite d’embarquement réalisées avec un vitrage respirant qui intègre des filtres solaires décoratifs en lames de bois croisées, les deux grandes parois vitrées du hall d’entrée cherchaient à s’ouvrir très largement sur leur environnement. L’impact visuel des ossatures a été limité grâce à l’utilisation de raidisseurs en verre, dans un esprit proche de celui qui prévalait pour la conception des façades de la grande galerie desservant le satellite, où tous les éléments structurels ont été déportés vers l’extérieur du bâtiment. La société Eiffel a réalisé ces raidisseurs qui s’illustrent par leurs grandes dimensions. Pour contreventer des parois de verre de plus de 30 mètres de long, ces derniers ont été suspendus sur une hauteur de plus de 16 mètres à de grosses poutres treillis de 35 mètres de portée !

Jean-Marc Babet, ingénieur de la division des ouvrages spéciaux d’Eiffel, explique que les poutres treillis sont indépendantes du reste de la toiture afin d’écarter les risques liés aux mouvements relatifs de la charpente : "Les poutres ne reprennent aucune charge de couverture. Elles sont entièrement dédiées à la reprise des façades, ce qui a pour avantage d’éloigner les problèmes de déformation induits par des sollicitations parasites, fonctions des aléas climatiques. Elles reprennent simplement le poids propre et les efforts au vent des parois vitrées par l’intermédiaire de ridoirs sur lesquels sont suspendus les montants d’ossature."

 

Assemblages cohérents

Au-delà des adaptations structurelles ou des adaptations aux tolérances de pose et de fabrication (les ridoirs permettent à cet effet l’ajustement des longueurs d’accroche des montants), la plus grande difficulté résidait dans la réalisation de façades homogènes. Comment ces dernières pouvaient-elles fonctionner de manière "monolithique", comme composées d’un seul bloc ? Comment assurer la cohérence de fonctionnement entre l’acier, qui constitue la grille d’ossature des vitrages, et le verre trempé HST des raidisseurs ? "Une légère déformation des ouvrages sous l’effet du vent ne devait pas, par exemple, entraîner un glissement des raidisseurs par rapport à l’ossature du plan de façade", développe Jean-Marc Babet. D’autre part, la fabrication des verres étant limitée en longueur, les contreventements de 16 m de haut, composés par trois pièces de verre mises bout à bout et reliées entre-elles par des éclisses en acier inoxydable, posaient une nouvelle fois la question de la cohésion entre les différents composants de construction. Comment l’assemblage par parties pouvait-il constituer un tout homogène à l’intérieur duquel la continuité des efforts serait probante ?

Essais de flexion sur raidisseurs

Jean-Louis Galéa, ingénieur responsable de l’ATEx pour le CSTB, rapporte qu’un intercalaire a été interposé entre les éclisses et le verre afin de réaliser l’assemblage des raidisseurs. Le même intercalaire de 2 mm d’épaisseur, caractérisé par un excellent coefficient de frottement, a également pris place entre les montants de l’ossature et ces raidisseurs reconstitués. "Pris en sandwich, les intercalaires ont été serrés par un boulonnage précontraint de sorte à être suffisamment comprimés pour liaisonner efficacement le verre et l’acier." Deux essais ont permis de valider les dispositifs d’assemblage avant qu’Eiffel ne réalise une mise en œuvre entièrement sur site. Le premier a montré qu’il y avait, sous l’effet d’une force de traction, rupture du verre de 19 mm d’épaisseur avant qu’un glissement de celui-ci par rapport aux éclisses ne puisse être observé. Le second a permis de solliciter à la flexion un raidisseur sur toute sa hauteur : sur la maquette grandeur nature d’un raidisseur disposé à l’horizontal, des vérins ont simulé les efforts aux vents sous des conditions climatiques extrêmement défavorables. Dans les deux cas, la transmission des efforts par adhérence de l’intercalaire permettait le fonctionnement "monolithique" attendu. La cohérence physique était au rendez-vous, alors que l’homogénéité d’aspect des grandes parois transparentes du hall d’entrée pouvait être assurée.

Fiche technique

• Maîtrise d’ouvrage : Aéroport TOULOUSE- Maîtrise d’œuvre : Groupement CARDETE & HUET, architectes (Mandataire)   ;  OTCE Midi Pyrénées (BET)
• BET Façades : Terrell Maurette associés
• Conception et réalisation des 1 172 m² de façades avec raidisseurs en verre: EIFFEL
• Bureau de contrôle : VERITAS
• Livraison prévue : mis en service en septembre 2009