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Bâtiments non-résidentiels et logements sociaux à l'heure de la performance énergétique

EPA-NR, pour les bâtiments non-résidentiels

L’évaluation de la performance énergétique des bâtiments non-résidentiels existants est désormais possible. Bonne nouvelle, donc, pour les propriétaires et les gestionnaires de ce type de parcs immobiliers. Particularités de l’outil qui leur est proposé ? Il résulte du travail commun d’organismes de recherche issus de six pays (voir encadré), regroupés au sein d’un projet unique dénommé EPA-NR, pour Energy Performance Assessment for existing Non Residential buildings. Il propose une vraie méthodologie d’évaluation de la performance énergétique applicable au niveau européen et tenant compte des particularités des différents Etats. "Il ne s’agit pas que d’un simple moteur de calcul, confirme Rofaïda Lahrech, ingénieur au CSTB. Tout d’abord, un contact avec le maître d’ouvrage ou gestionnaire du bâtiment permet de connaître ses objectifs : simple mise en conformité avec la réglementation ou démarche plus approfondie. Dans un cas comme dans l’autre, une check-list lui est remise, ce qui lui permet de connaître exactement les pré-requis incontournables à posséder avant toute évaluation. Ensuite, nous fournissons un protocole pour mener à bien l’inspection physique du bâtiment concerné. Cette deuxième phase est l’occasion de récolter les données qui serviront à alimenter le moteur de calcul pour évaluer la performance actuelle du bâtiment, pour proposer des scénarios de réhabilitation énergétique avec leurs impacts sur les consommations d’énergie du bâtiment, les émissions de CO2 et le temps de retour sur investissement".

Des normes européennes aux particularités nationales

Si l’outil d’évaluation est identique pour tous les pays ayant participé au projet EPA-NR, des bibliothèques de données spécifiques permettent de l’adapter aux différentes réglementations et aux particularités propres à chacun d’entre eux (climat, conversion CO2, etc.). Ainsi, le logiciel mis au point prend à la fois en compte les normes européennes et les données nationales. Une fois le moteur de calcul bien renseigné, celui-ci génère de multiples informations : état initial du bâtiment, impact des améliorations préconisées, coût des travaux à engager et retour sur investissement. Un rapport de synthèse final est remis au maître d’ouvrage ou au gestionnaire du bâtiment. "La méthodologie construite dans le cadre d’EPA-NR a été testée sur différentes typologies de constructions rencontrées au sein des pays impliqués dans ce projet, ajoute Rofaïda Lahrech. Le protocole élaboré a pu être "calé" sur 21 bâtiments scolaires, hôpitaux et bureaux, tous d’âges et de dimensions variés. Le CSTB a été porteur de cette action, de la sélection des ouvrages jusqu’à la rédaction des rapports de synthèse pour chaque projet pilote." Résultat : la méthodologie proposée s’est avérée parfaitement opérationnelle.

Une méthodologie accessible aux professionnels

Six pays – Allemagne, Danemark, France, Grèce, Italie et Pays-Bas – ont participé au projet EPA-NR, le Néerlandais BuildDesk ayant assuré le rôle de coordonnateur. La méthodologie élaborée dans le cadre de ce programme est accessible à tous les bureaux d’études, gestionnaires de parcs immobiliers, collectivités territoriales et autres donneurs d’ordre. Des guides de mise en œuvre et d’autres documents explicatifs ont été spécialement rédigés à leur attention.
Pour en bénéficier : http://www.epa-nr.org/

Contact CSTB : Rofaïda Lahrech

ESAM, pour les logements sociaux

Coûts, dépenses, gains… : le projet ESAM - Energy Strategic Asset Management-  a consisté à mettre au point une stratégie de gestion patrimoniale des logements sociaux, notamment ceux qui doivent faire l’objet d’une réhabilitation. Avec deux particularités : intégrer pleinement la dimension énergétique dans ce type d’opération et déployer cette politique à travers les six pays parties prenantes d’ESAM, à savoir l’Allemagne, l’Autriche, l’Estonie, la France, l’Italie et la République tchèque. "Ces Etats couvrent la totalité du spectre des situations institutionnelles du logement social au sein de l’Union européenne, affirme Baptiste Camus, chargé de mission à Delphis, réseau fédérant seize organismes d’HLM françaises et gestionnaire d’ESAM. Le projet a regroupé une quinzaine de sociétés de logements sociaux, d’unions professionnelles de bailleurs sociaux et d’établissements de recherche, dont le CSTB*."

Des outils informatiques adaptés au profil de chaque pays

Lors du lancement de l’étude, il était prévu de mettre au point un logiciel générique unique pour l’ensemble des organismes participant à ESAM. Mais au cours du chantier, cette optique a vite montré ses limites. De trop grandes disparités dans les données caractérisant les logements, un patrimoine immobilier hétérogène avec des historiques et des possibilités de rénovation différents, des coûts et des aides incitatives aux travaux extrêmement diverses… : autant d’éléments qui ont finalement conduit à créer six outils, soit un par pays. Chacun d’eux correspond aux spécificités des Etats représentés dans ESAM et il s’adresse aux décideurs en charge des opérations de réhabilitation (coopératives en Estonie, propriétaires en Italie, gestionnaires de parcs en France, etc.). "Ces outils montrent que la réalisation obligatoire d’un diagnostic de performance énergétique peut être abordée comme une opportunité et pas seulement comme une contrainte, observe Baptiste Camus. Ils associent également les locataires et les fournisseurs d’énergie à toute démarche de réhabilitation." Sans compter qu’ils constituent des instruments de stratégie patrimoniale au regard du rapport bénéfice/coût des travaux préconisés. L’outil français, ECOSIM, permet de simuler des réhabilitations énergétiques sur un bâtiment. L’approche typologique, qui associe à chaque bâtiment une catégorie de bâtiments similaires, simplifie la démarche puisqu’il n’est pas nécessaire de renseigner l’ensemble des caractéristiques techniques du bâtiment pour évaluer les conséquences énergétiques et financières d’opérations de réhabilitations. ECOSIM, véritable outil d’aide à la décision, permet donc d’établir un plan stratégique de patrimoine qui ne fasse plus abstraction des solutions de réhabilitations énergétiques.

Inventaire du parc immobilier et développement du logiciel

Le CSTB est plus particulièrement intervenu à deux moments clés d’ESAM. Ses équipes ont mis au point un questionnaire à l’attention des partenaires du projet afin que ceux-ci puissent réaliser l’inventaire de leurs parcs de logements sociaux ainsi que de leur méthode de travail pour la gestion patrimoniale. Aucun support de ce type n’était disponible lors du lancement d’ESAM. Etat des constructions, système de chauffage, mode de gestion des immeubles, plans, surfaces, etc. : les résultats de ce recensement ont montré des bâtiments plutôt en mauvais état avec des installations de chauffage anciennes et un très faible recours aux énergies renouvelables, même pour l’eau chaude sanitaire. "A partir de ces données, nous avons proposé de décrire le patrimoine existant selon des critères simples, tels la taille, la forme, l’âge des bâtiments ou encore les modes de chauffage, afin de définir des typologies de bâtiments,  des bouquets de solutions adaptés à ces typologies et enfin  d’élaborer une politique énergétique au niveau du parc de bâtiments» explique Mireille Jandon, du CSTB. Cela a constitué une base de travail pour tous les partenaires. Parallèlement, nous avons fait un tour d’horizon des labels et des certifications énergétiques en place, ainsi que des "best practices" en termes de réhabilitation." Une fois ce travail d’inventaire achevé, le CSTB a élaboré un cahier des charges pour le développement de l’outil informatique, tant au niveau de son architecture globale qu’à celui de son cœur de calcul. De quoi réaliser les diagnostics de performance énergétique et d’évaluer le coût des travaux en fonction de critères précis (surface, énergie…). Le tout tenant compte des réalités concrètes de chaque pays.

* Pour la France, outre Delphis et le CSTB, l’Ecole des mines de Nantes, Le Toit Angevin et le Val de Loire  ont participé à ESAM.