Archives

Gestion urbaine de proximité : une demande croissante de formation

La notion de gestion urbaine de proximité (GUP) est née au CSTB il y a une quinzaine d’années et n’a cessé de se diffuser, au point d’être reprise par la réglementation. Aujourd’hui, les projets soutenus par l’agence nationale pour la Rénovation urbaine (ANRU) doivent comporter un volet GUP. "La démarche consiste à s’intéresser au fonctionnement des quartiers d’habitat social, rappelle Barbara Allen, sociologue du CSTB. Elle vise à mobiliser en premier lieu les institutions intervenant par rapport à l’habitat (bailleurs sociaux, villes et communautés d’agglomérations) sur la gestion quotidienne du quartier." Par exemple, la propreté, l’entretien et la qualification des espaces extérieurs, les aménagements, le traitement des accès, la qualité des espaces collectifs et publics relèvent de la gestion urbaine de proximité.

Accompagner la rénovation urbaine

De très gros investissements sont engagés dans la rénovation urbaine et la GUP peut jouer un rôle fondamental au cours de ces projets, mais aussi après : il s’agira alors d’adapter la gestion quotidienne aux nouveaux aménagements, d’être notamment vigilant à l’entretien des espaces et aux usages qui s’y développent. Une bonne gestion de proximité permet ainsi de corriger certains effets de la rénovation, comme, par exemple, de nouveaux cheminements non pertinents, des clarifications d’usages des espaces qui ne seraient pas lisibles par les habitants. "La GUP permet de consolider et de pérenniser les améliorations liées à la rénovation", confirme Barbara Allen, qui évoque aussi d’autres cas : ceux ou des bailleurs  travaillent préalablement au projet à une "remise à niveau" de la gestion du quartier parce que cela constitue une étape indispensable et pour redonner confiance aux habitants.

Cependant, la GUP ne concerne pas que des actions spécifiques. Elle vise également à identifier et à améliorer les pratiques et parfois les modes d’organisation des structures concernées (services des bailleurs, des villes, etc.) et à construire les conditions d’une coopération efficace pour assurer la pérennité des améliorations apportées dans le temps. "Cela implique de faire évoluer les modes de coopération entre la ville, les intercommunalités et les bailleurs, détaille Barbara Allen, afin que la gestion de proximité soit inscrite dans les modes de travail. Un exemple courant est celui de l’entretien des espaces extérieurs, qui relève généralement de plusieurs acteurs : il faut les amener à coordonner et à harmoniser leurs interventions, tant en termes de planning que de contenu."

Des formations dédiées

Sur toutes ces problématiques, le CSTB note une demande croissante de formation. Le public intéressé ? Des bailleurs, des organismes publics engagés dans la Politique de la Ville, comme l’ACSE (Agence nationale pour la Cohésion sociale et l’Egalité des chances) et son réseau territorial. Leurs attentes portent principalement sur l’acquisition d’une méthodologie et d’outils : comment faire un diagnostic, construire le projet de GUP, travailler sur les organisations et leur coopération. Pour y répondre, les sociologues du CSTB ont conçu des sessions de formation, qu’ils dispensent au sein de l’Ecole de la Gestion urbaine des quartiers. Nadia Bentchicou, directrice du Service Logement, Habitat et Cadre de vie de l’ACSE, en a fait bénéficier ses collaborateurs. "Nous avions identifié le besoin, chez les agents du siège et en région, d’améliorer leurs connaissances en matière de gestion urbaine de proximité, raconte-t-elle. Ils souhaitaient comprendre le champ exact de la GUP, à quoi elle sert, à qui elle s’adresse et comment la mettre en œuvre dans le cadre des contrats urbains de cohésion sociale (CUCS). Nous avons sélectionné l’Ecole de la Gestion Urbaine sur appel d’offres. Trois sessions de deux jours ont été organisées pour des groupes d’une douzaine de personnes. Elles étaient animées par deux sociologues du CSTB. Le programme donnait à la fois une approche générale et des réponses aux préoccupations concrètes des participants, qui ont été très satisfaits de cette formation."

Barbara Allen constate aujourd’hui un phénomène nouveau : "Des demandes nous parviennent de territoires, qui souhaitent se forger et partager une culture commune autour de la GUP. C’est ainsi qu’en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, nous avons animé 5 sessions de 5 jours, pour former 75 personnes au total." Une territorialisation qu’elle juge intéressante pour la pérennisation de la gestion urbaine de proximité.