Sports et loisirs sous coussins d'air
Jean-Claude Brehm, chef de projet chez SEELE, société chargée de la conception et de la réalisation de la couverture, explique que l’Ethylène Tétrafluoréthylène est un polymère développé à l’origine pour l’aérospatial. "Connu depuis une quinzaine d’année dans le secteur du bâtiment, et d’un usage devenu relativement fréquent en Allemagne ou dans les pays anglo-saxons, son emploi commence tout juste à se diffuser en France." D’une épaisseur comprise entre 50 et 300 µm, les membranes en ETFE constituent des coussins pneumatiques sertis dans des cadres aluminium. Ces coussins sont gonflés à l’air, à faible pression, afin de fournir une couche isolante et de résister aux effets de charge du vent.
La première qualité de la technique est sans doute son coût trois fois inférieur à celui des verrières traditionnelles. Mais l’ETFE est avant tout un matériau complémentaire et différent. Il ne se pose pas réellement en concurrent direct du verre. Pour certains programmes, lorsque l’exigence thermique n’est pas un critère discriminant, la technique des coussins d’air en ETFE présente l’avantage de s’adapter à presque toutes les formes organiques imaginables. Sa légèreté, sa stabilité dans la durée, sa transparence aux rayonnements solaires et aux UV, ses propriétés antiadhésives qui permettent à l’enveloppe de s’auto-nettoyer sous l’action de la pluie, rendent intéressant son déploiement dans des projets d’équipements sportifs, des serres horticoles ou des espaces non chauffés comme les gares ou les galeries des centres commerciaux.
Des modules de 42 m de long
Pour le projet de Vitam’parc, situé à 11 km de Genève, les coussins d’air de la verrière translucide du centre aquatique ont été réalisés au moyen de trois membranes formant deux chambres d’air superposées. 66 coussins ainsi constitués ont été alignés dans le sens de la largeur du bâtiment en épousant la charpente en bois et acier du bâtiment en forme de mammifère marin. Avec des dimensions sans commune mesure avec celles des matériaux de construction généralement utilisés en couverture… Culminant à 16 mètres de haut, les coussins les plus grands ne totalisent pas moins de 42 mètres de long ! Ils sont maintenus sous une pression de 300 Pa par un flux d’air sec continu grâce à deux stations de pompage qui compensent les défauts d’étanchéité tout en écartant les risques de condensation.
En l’absence de normes existantes et de référentiel pour de telles structures gonflables, le CSTB a mis au point un système de justification de la technique en partenariat avec le bureau de contrôle SOCOTEC. Aurélie Godin, ingénieur responsable de l’ATEx, rapporte que les protocoles d’essai ont été établis par analogie avec ceux conçus pour les verrières traditionnelles. "Sur une maquette grandeur nature, des essais de comportement à l’eau, à l’air et au vent ont été réalisés. Un essai au choc, correspondant à la chute d’un homme de sa hauteur, a également permis d’évaluer la résistance et la sécurité des membranes." Au final, 5 gros classeurs de rapports, d’observations et de descriptions de la technique sont sortis de cette collaboration sur le projet dessiné par le cabinet d’architecture espagnol L35. Une expérience que chacune des parties pourrait notamment mettre à profit en établissant un cahier normatif ou un premier Avis Technique.
Fiche technique
- Maîtrise d’ouvrage : MIGROS France – SCI NEYDLOISIRS
- Maîtrise d’œuvre : L35, architectes
- Maîtrise d’œuvre d’exécution : CM2A
- Conception et réalisation de la verrière en ETFE : SEELE
- Bureau de contrôle : SOCOTEC
- Inauguration prévue : septembre 2009
