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RIVES : les risques naturels n'ont pas de frontière

Il n'existe pas de frontière pour les risques naturels. Ce constat a été le point de départ d'un programme de coopération entre la France et l'Italie. Son nom ? RIVES, pour Protection du territoire des risques naturels. « Cette opération, menée dans le cadre d'un projet européen Interreg IIIA, concerne quatre zones géographiques du sud de la France et du nord de l'Italie », détaille Daniela Belziti, de la Délégation Développement Durable du CSTB. Il s'agit des départements des Alpes-Maritimes et des Alpes-de-Haute-Provence, ainsi que des deux provinces transalpines de Cuneo et d'Imperia. Toutes sont caractérisées par une même vulnérabilité, liée aux risques naturels en contexte montagneux, des possibilités restreintes d'extension des zones à urbaniser et une exposition forte des infrastructures linéaires aux aléas.

Lancé fin 2004, le projet RIVES a réuni plusieurs partenaires (voir encadré). De nombreux échanges ont eu lieu avec des organismes, tels que le ministère de l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement durables, l'association des Eco Maires et les DDE. Les acteurs responsables de la gestion des risques sur le territoire ont été fortement impliqués dans la réalisation du projet, en particulier, pour la France : la Préfecture des Alpes de Haute Provence, les maires, le SDIS et les associations de protection civile ; pour l'Italie : la Préfecture de Cuneo, la Région Piémont, les maires et les associations de protection civile.

Gestion des situations de crise sur un territoire de montagne transfrontalier, mise en commun des méthodes d'analyse et des organisations, optimisation des moyens de protection civile : tels étaient les axes forts de RIVES, dont la réunion de synthèse est programmée le 24 janvier 2008. Pour répondre aux objectifs du programme, les partenaires ont mené des recherches conjointes sur quatre points particuliers afin d'appréhender globalement la zone transfrontalière : caractérisation des risques sur le territoire défini, le cadre réglementaire (plans de prévention des risques, plans d'urgence…) en place dans chaque état, les acteurs impliqués et la simulation d'une crise (glissement de terrain) en Haute Ubaye. « Cet exercice, piloté pour la France par le BRGM en appui de la Préfecture des Alpes de Haute Provence et mobilisant 200 français et italiens, avait pour but d'isoler deux villages français et de faire intervenir des moyens venant du versant italien, explique Daniela Belziti. Cela a permis de tester les connaissances et les moyens à déployer pour la gestion d'un évènement transfrontalier : mise en œuvre d'un protocole d'assistance mutuelle, connaissance des acteurs, test des moyens de communication dans chaque pays et transnationaux et analyse des besoins matériels de la gestion de crise tels que les supports cartographiques. »

Développement durable et risques naturels

Le CSTB et l'Institut Français d'Urbanisme ont élargi la réflexion menée sur la prise en charge du risque naturel au niveau plus global de la gestion du territoire et de son urbanisation. Ses compétences l'ont conduit à étudier la façon dont il était possible de concilier prévention des risques et aménagement territorial au niveau communal (plan local d'urbanisme, PLU), tout en intégrant la notion de développement durable. Pour cela, l'équipe a recensé les textes législatifs et réglementaires en vigueur afin de déterminer les enjeux de la prévention des risques dans la planification du territoire. Dans un deuxième temps, elle a examiné comment les lois étaient appliquées sur le terrain et, donc, la réalité des démarches adoptées avant d'émettre des préconisations concrètes pour mieux appréhender les risques.

« L'étude réalisée sur quelques communes réparties sur le territoire français nous a d'abord permis de caractériser les situations face à la gestion du risque grâce à un certain nombre de critères - identification des risques, identification des enjeux de développement durable et capacité de planification, de décision et de gestion - dont nous avons discuté avec nos partenaires italiens, poursuit Daniela Belziti. Nous avons ensuite pu identifier trois postures face à l'intégration de la prévention des risques dans le PLU : "volontariste et ambitieuse", "légaliste et minimaliste", "allègement et de contournement". A partir des renseignements recueillis, nous avons fait des préconisations génériques pour intégrer les risques dans les plans d'urbanisme français et proposé un outil de pilotage pour la France et l'Italie. Cet outil permet de déterminer la manière dont les risques sont pris en considération, ainsi que leur influence sur le développement durable de la commune concernée. »

Grâce à ce travail élaboré par le CSTB et l'IFU, les municipalités confrontées à la gestion d'un risque naturel pourront trouver des éléments critiques pour s'interroger sur la meilleure posture à adopter pour atteindre les objectifs de gestion durable de son territoire. Et c'est bien là le double intérêt de RIVES : réaction dans l'urgence et action sur le long terme. Car s'il a mis en évidence les besoins pour gérer concrètement les situations de crise, il donne également aux communes les moyens de concilier développement durable (social, sociétal et économique) et prise en compte des risques naturels.

© Protection civile Cuneo
Outil SIG - © N.Draperi BRGM
Simulation en 3D d'un glissement de terrain - © R.Pozzani

RIVES : partenaires, financeurs et collaborations

Partenaires

  • Province de Cuneo, chef de file
  • Province d'Imperia
  • BRGM, coordonnateur français
  • CSTB

Co-financeurs

  • Conseil Régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur
  • Conseil Général des Alpes de Haute Provence

Collaborations

  • Institut français d'urbanisme
  • Département de l'ingénierie de la construction, de l'environnement et du territoire de l'Ecole d'ingénieurs de Gênes
  • Centre de monitorage environnemental de l'Ecole d'ingénieurs de Gênes
  • RTM (services de Restauration des Terrains en Montagne)