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La technique du vitrage respirant s'exporte au Luxembourg

©Belgo Metal S.A. Luxembourg/Permasteelisa Group
©Belgo Metal S.A. Luxembourg/Permasteelisa Group

La première étude sur les vitrages respirants a été réalisée au CSTB dans les années 80. A l'époque, il s'agissait de trouver une technique pour réparer les vitrages isolants standards qui, après 20 ou 30 ans, finissent par s'embuer. Le système mis au point par les chercheurs du CSTB, qui consiste à faire communiquer la lame d'air d'un vitrage isolant avec l'extérieur, permet aux vitrages de retrouver leurs performances initiales. Par la suite, cette technique a été améliorée par un dispositif de respiration composé de petits filtres qui permet d'éviter les condensations sur la face intérieure du vitrage extérieur ; de plus, les filtres empêchent toute intrusion de corps étrangers dans la lame d'air (poussières, insectes, pollens…).

Autre développement majeur : en transposant la technique de vitrage isolant respirant à l'ensemble d'une façade, on s'est aperçu qu'il était possible d'élargir la lame d'air jusqu'à environ 50 cm. D'où une nette amélioration des performances acoustiques et thermiques de la façade et la possibilité d'inclure un élément d'architecture ou un store vénitien, par exemple.

En France, ce système est souvent utilisé pour les façades d'immeubles de bureaux, notamment pour le quartier de La Défense près de Paris. Le système vient d'être dupliqué au Luxembourg, sur le projet de la Cour de justice des Communautés européennes : une extension de 50 000 m² que l'architecte Dominique Perrault a conçu sous la forme d'un anneau de bureaux et de deux tours.

Les entreprises qui réalisent les façades des deux tours ont recours à la même technique de verre respirant (surface de vitrage : 20 000 m²). « Pour ce chantier, le CSTB a réalisé une prestation d'un genre un peu particulier, indique Jean-Louis Galea, ingénieur au CSTB. D'un côté, il n'était pas question d'appliquer la réglementation française ; d'un autre côté, il était normal de faire bénéficier les entreprises de notre expertise. »

Au stade de la conception, le CSTB est d'abord intervenu pour mettre en garde les entreprises sur les erreurs à ne pas commettre et les avertir des difficultés qu'elles pouvaient rencontrer selon les dimensions et la composition des éléments des vitrages respirants. Au stade de la fabrication, en partant des dimensions réelles des éléments, le CSTB a conçu des modules d'éprouvettes pour les tester. Les entreprises ont ensuite envoyé des prototypes conformes à la réalité (chaque module ayant 60 cm de large sur 3,80 m de haut). Le CSTB a alors procédé à des essais pour les améliorer et parvenir à des critères d'acceptation par le client. En choisissant la technique du verre respirant pour ces façades, Dominique Perrault a amélioré les performances acoustiques et thermiques des bâtiments, tout en profitant de la lame d'air d'une largeur de 15 cm pour y intégrer un décor architectural en métal.

« Nous espérons que l'utilisation de cette technique française pour un bâtiment remarquable n'est qu'un premier pas qui contribuera à d'autres développements à l'étranger », conclut Jean-Louis Galéa.