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Comment lier reconversion des friches et attractivité urbaine ?

Pour des villes en reconversion économique et urbaine. « Manchester et Lille ont en commun un passé de pouvoir économique frappé de plein fouet, analyse-t-elle. Toutes deux ont une ambition de renouvellement urbain. Mais à Manchester, l'approche est entrepreneuriale et le développement durable est un argument au service de l'attractivité ; à Lille, l'approche est sociale et le développement durable est un outil de la solidarité territoriale. »

Restaurer la prospérité pour garder les habitants

Michael Hebbert, professeur au département Environnement et aménagement de l'Université de Manchester, a décrit le cas de la réhabilitation des usines de Murray's Mills, dans le quartier industriel d'Ancoats, datant du XIXe siècle et tout proche du centre-ville. « En 1994, les bâtiments de Murray's Mills étaient en ruine et aux mains de spéculateurs immobiliers. Un partenariat de dix ans entre l'agence régionale de développement, la commune, une société de promotion immobilière et l'association de préservation du patrimoine d'Ancoats a permis de les sauver. Les travaux sont aujourd'hui achevés. » Bilan dressé par l'intervenant : le projet a respecté les principes de développement durable adoptés par Manchester, à savoir renouveler le bâti existant et se réapproprier les quartiers abandonnés en commençant autour du centre ville. Côté partenariat avec le privé, plusieurs banques et promoteurs ont investi. Côté social, des journées portes ouvertes et des projets éducatifs ont été organisés. Enfin, le tissu urbain a été reconstitué. « Les habitants du quartier n'aspiraient qu'à déménager, a conclu Michael Hebbert. Nous les avons retenus en intégrant au quartier de nouvelles activités économiques. »

Concilier renouvellement des friches et contraintes environnementales

Annette Groux, directrice de l'aménagement et du renouvellement urbain de Lille Métropole Communauté Urbaine, a ensuite présenté son établissement, qui regroupe 85 communes et prend de plus en plus de responsabilités stratégiques, notamment en matière de développement économique. En 2002, l'intercommunalité avait adopté un schéma directeur basé sur le concept de ville renouvelée. Il s'agissait de tirer parti du potentiel foncier obsolète (4 000 hectares), sur 20 communes et 80 quartiers, comportant des friches industrielles. Mais l'adoption de la loi Bachelot, relative à la prévention des risques technologiques et naturels, a modifié la donne. « Aujourd'hui, a indiqué la directrice, se pose la question du devenir du renouvellement urbain au regard des questions de pollution. Selon la loi, nous devons donner un avis sur le reclassement des anciens sites industriels. Un principe de précaution nécessaire, mais difficile à mettre en œuvre. » Elle a cité le cas du site Onduclair, à Wasquehal, classé en zonage industriel au plan local d'urbanisme (PLU). La commune était favorable à un projet de logements proposé par un promoteur et souhaitait une modification du PLU. La communauté urbaine a été sollicitée pour avis. Selon sa réponse, l'obtention du permis de construire allait demander 9 mois de délai, ou 23 mois, si on voulait appliquer la procédure de précaution associant plusieurs acteurs.  Annette Groux a également souligné la forte pression foncière : « Jusqu'ici, il n'y avait pas de projet immobilier à Wasquehal. Avec l'augmentation du coût foncier, faudra-t-il construire à 50 km du centre de Lille ? »