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Comment articuler compacité, expansion et fluidité urbaine dans les villes méditerranéennes ?

L'organisation urbaine par le transport

Francesc Magrinyà, professeur au département Infrastructures de Transport et du Territoire à  l'Université polytechnique de Catalogne, a montré comment cette approche avait été appliquée à la voierie publique, au centre de Barcelone, mais aussi dans la commune voisine d'El Prat. « Nous organisons la ville par le transport, a-t-il expliqué. Pour nous, la voierie est un espace public où le piéton (30 % du transport modal) est privilégié, ainsi que les transports en commun, avant le cycliste et l'automobiliste. Nous effectuons des simulations de trafic et dessinons des itinéraires en fonction de cette hiérarchie. Nous déplaçons le stationnement vers la périphérie. » Si les modes de transport ne varient pas beaucoup après ces aménagements, la qualité de vie en est fortement améliorée, indique-t-il. Des indicateurs ont d'ailleurs été créés pour la mesurer. Par exemple, le rapport entre mètres carrés de toit et mètres carrés de sociabilité (trottoirs de plus de 2,5m de large où l'on peut marcher à deux de front en bavardant), ou entre la complexité du tissu urbain et l'offre de transports. « Nous avons aussi dressé la cartographie de l'âge des habitants par rapport aux équipements publics, ce qui nous a conduits à créer des itinéraires piétons sécurisés pour les personnes âgées », a poursuivi l'intervenant, en concluant qu'il serait plus difficile de passer de la planification urbaine à la planification territoriale du développement durable.

Privilégier le développement social

Roberto Gianni, directeur du service de la planification urbaine de la ville de Naples, a présenté les choix qui ont guidé les "plans régulateurs" de 1993 et 2004, dans un objectif de développement social et économique : pas d'extension de la ville ; préservation et restauration dans le centre historique ; transformation des friches industrielles en périphérie. Le projet de reconversion de la zone industrielle orientale de Naples en est l'illustration. « Il s'agit d'un quartier dégradé, avec peu d'équipements sociaux, traversé par un oléoduc et occupé en partie par des dépôts pétroliers. Mais il est proche du centre et maintenant desservi par le nouveau métro », a commenté Roberto Gianni. Une zone à forte densité accueillera, entre autres, un port de plaisance, des équipements de loisirs et des établissements d'enseignement. Elle entourera une autre zone faiblement lotie, où un parc de 150 ha sera aménagé à l'emplacement actuel des dépôts pétroliers. Leur délocalisation, complexe et coûteuse, est la condition sine qua non de la viabilité du projet.