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Air intérieur : on accélère

Le PNSE, puis les débats du Grenelle de l'environnement, ont montré que le sujet de l'air intérieur n'était plus cantonné aux débats d'expert mais que c'était bien un problème de société reconnu comme tel par les Pouvoirs publics comme par les citoyens. Un sujet qui a émergé, il y a une dizaine d'années, alors que l'on pensait que la pollution intérieure des locaux était uniquement due au transfert de l'air extérieur. Depuis, tous les travaux démontrent que les polluants présents dans l'air intérieur sont bien typiques de cet environnement. De nombreuses études ont été menées par les différents métiers impliqués dans cette problématique : épidémiologistes, ingénieurs du bâtiment, chimistes, toxicologues… Tous ont conclu que les risques se situent aussi bien sur l'échelle du court (intoxications) et du long terme (cancers). Les polluants présents sont nombreux et doivent être pris en compte dans leur globalité. C'est d'ailleurs pourquoi un protocole d'évaluation des produits de construction et de décoration mis au point dernièrement par l'AFSSET prend en compte plusieurs COV et aldéhydes.

Un socle en santé environnementale et sanitaire est maintenant construit avec des recherches opérationnelles menées dans différents lieux de vie notamment par l'OQAI, le CSTB et l'INERIS pour caractériser l'exposition des personnes. Des travaux sur les substances chimiques, au travers du projet européen Reach, permettent une approche plus transparente des risques liés aux substances chimiques. Par ailleurs l'AFSSET coordonne  les organismes compétents sur des questions d'ordre sanitaire et environnemental ou s'autosaisit de certaines questions, par exemple les  valeurs guides de qualité d'air intérieur. Les AASQA (Associations Agréées pour la Surveillance de la Qualité de l'Air extérieur) ont été récemment mandatées par l'Etat sur des actions locales de mesure de la qualité de l'air intérieur, l'OQAI restant l'organisme garant des protocoles et centalisateur des données recueillies.

Présidence de l'OQAI : Yvon Le Moullec, président du Conseil scientifique, Andrée Buchmann, présidente du Conseil de surveillance et du Comité consultatif, Séverine Kirchner, coordinatrice du programme scientifique.

Alain Maugard (CSTB), Philippe Hubert (INERIS), Joëlle Carmes (DGS), Alain Morcheoine (ADEME), José Cambou (FNE), Cédric Duboudin (AFSSET), Danielle Auroi (ATMO France) et et François Lefort (DGUHC)

Un besoin d'information

L'attente des collectivités locales et des particuliers devient toujours plus pressante. Il s'agit aujourd'hui de répondre à cette attente. L'état de la connaissance permet de proposer des solutions. Parmi elles, l'étiquetage des émissions de polluants volatils des produits de construction et de décoration, demandé par le Grenelle, deviendra très rapidement obligatoire. Une autre mesure, elle aussi bientôt obligatoire et annoncée lors de ce colloque par Laurent Michel du ministère de l'Ecologie, « l'interdiction d'utilisation dans les produits de construction et de décoration des substances cancérigènes mutagènes reprotoxiques de catégorie 1 et 2, ainsi que la mise en place rapide de mesures de surveillance et d'information sur la qualité de l'air intérieur des établissements recevant un public nombreux et /ou vulnérable. » La secrétaire d'état à l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a également demandé, lors d'une visite au CSTB, que les experts travaillent à l'élaboration d'indices de qualité d'air simple et peu couteux, utilisables par tous et de proposer un kit "qualité d'air intérieur" comprenant aussi un guide pratique et des recommandations.

La dynamique générale lancée par l'Etat sur le sujet de la qualité de l'air intérieur au travers du PNSE et du Grenelle se poursuit avec le PNSE 2, en préparation. Prochaine étape : mieux exploiter les données de veille environnementale en trouvant les liens entre pathologies et état de l'environnement et un volet recherche en santé environnement à doper.

L'Observatoire de la qualité de l'air intérieur a son rôle à jouer dans la recherche des déterminants de la pollution dans les logements, étape nécessaire pour ensuite réduire les émissions de pollution et, donc, l'exposition des personnes. Sans oublier le volet de la prévention et d'explication - information auprès des publics professionnels comme particuliers, pour que cette question devienne un réflexe contrôlé et acquis.

L'OQAI déploie son action

Après une étude nationale sur la qualité de l'air intérieur des logements français, l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur (OQAI) déploie son action en 2007 et 2008 avec un programme de connaissance de la pollution intérieure dans les lieux de vie fréquentés par les enfants (crèches, écoles, collèges, lycées, piscines, patinoires, etc.) et un second programme dans les bureaux. L'OQAI continue en parallèle ses travaux de recherche sur les déterminants de la qualité de l'air intérieur pour caractériser les sources de pollution dans l'habitat. Début 2008, l'OQAI achèvera ses premiers travaux sur l'élaboration d'un indice de la qualité de l'air intérieur, dont l'objectif est de disposer à terme d'un outil capable de qualifier la qualité d'air des logements. L'ensemble de ces travaux est complété par des actions de communication, d'information et de formation.

Vers des indices de qualité d'air intérieur

Les indices de qualité d'air intérieur sont utiles s'ils répondent à une demande précise de ses utilisateurs et s'ils sont facilement utilisables et compréhensibles. Les indices peuvent en effet être pluriels selon les lieux de vie et les utilisateurs. C'est pourquoi l'OQAI a réalisé, dans un premier temps, un inventaire des nombreux indices existants en France et à l'étranger, avant de mener une étude selon deux approches : psycho-sociale et psycho-environnementale. L'objectif est de connaître les attentes et les besoins des utilisateurs potentiels d'un indice de qualité d'air intérieur que sont les gestionnaires de bâtiments (tertiaire, scolaires, logements), les Pouvoirs publics et les habitants. Les indices devront répondre à deux types d'enjeux : éveiller et sensibiliser à la qualité de l'air intérieur pour modifier les comportements ; prévenir les risques dans le but d'améliorer le parc immobilier. L'enquête a montré combien ces enjeux étaient importants et leur prise en compte dans la définition des indices nécessaire. La sortie des indices s'accompagne également d'un sentiment de danger, directement associé à des risques sanitaires, sociaux, psychologiques, économiques et juridiques qu'il conviendra d'accompagner par des outils de sensibilisation et d'information afin de favoriser l'usage et le bon usage de ces indices. L'OQAI élabore sur cette base un indice de qualité d'air des logements "à dire d'experts" qui sera présenté début 2008.