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Les enjeux de la consommation énergétique dans les bâtiments

Centrale nucléaire
Centrale nucléaire.

Pour Olivier Sidler, responsable du bureau d'études Enertech, les données du problème sont simples : dans un peu plus d'un siècle, il n'existera plus aucune énergie fossile exploitable sur la planète si aucun changement n'intervient dans les habitudes de consommation. « Les ressources s'élèvent théoriquement à 218 ans pour le charbon, 41 pour le pétrole et 63 pour le gaz, résume-t-il. Mais en réalité, avec la croissance de la consommation telle que l'on peut l'observer actuellement, nous ne disposons que de 52 ans d'autonomie, toutes énergies confondues. Ce chiffre passe à 115 ans si l'on prend en compte l'évaluation des nouveaux gisements. » Le challenge à relever est énorme ! D'ici un bon demi-siècle, il s'avère impératif de réduire de façon drastique notre demande en énergie et de reconstruire une offre énergétique hors énergies fossiles. Il y a là un véritable combat à mener pour réduire la demande, vaincre l'inertie des mentalités et, surtout, prendre les bonnes décisions en la matière.

Vers un scénario catastrophe ?

D'ores et déjà, le contrôle des ressources entraîne bon nombre de conflits à travers la planète. Guerre armée, guerre économique, "guerre des pauvres" obligés de fuir devant la sécheresse ou la montée des eaux suite au réchauffement climatique : les tensions géopolitiques ne feront que s'amplifier dans les décennies à venir. Les scénarios les plus optimistes tablent sur une augmentation de la température de + 5°C au minimum d'ici 2100. Une variation équivalente à celle qu'a subie la planète depuis 18 000 ans (il faisait alors 5°C de moins qu'aujourd'hui). A l'époque, le niveau des océans était inférieur de 120 m, l'Angleterre accessible à pied et le sol de France gelé en permanence. Et ceux qui prônent le tout nucléaire ne font que retarder les échéances ! « Les réserves mondiales d'uranium seront, elles aussi, épuisées d'ici un peu plus de 70 ans, souligne Olivier Sidler. Sans compter que le recours à ce type d'énergie n'est pas sans poser quelques problèmes majeurs, comme la possibilité d'un nouvel accident de type Tchernobyl, la production de déchets que l'on ne sait pas retraiter, la dissémination de l'arme nucléaire et celle des radionucléides dans l'environnement. »

La démarche "Négawatt"

Face à ces scénarios catastrophes, une réaction radicale s'impose, notamment dans deux secteurs contribuant fortement à l'émission de gaz à effet de serre : les transports et le bâtiment. « Il est tout à fait possible de retrouver une situation d'équilibre, souligne Olivier Sidler. Pour la France, il "suffit" de réduire d'un facteur 4,7 notre production de CO2. Une ambition qui peut être atteinte en tablant sur trois facteurs : sobriété, efficacité énergétique et recours aux énergies renouvelables. » Trois leviers d'action qui sont le fondement de la démarche "Négawatt" et applicables aussi bien lors de la construction d'immeubles neufs que lors de la réhabilitation de bâtiments anciens, soit 17 millions de logements à rénover d'ici 2050. Objectif : plafonner leur consommation énergétique à 50 kWh/m²/an. Des expériences d'ores et déjà menées en Alsace, en Rhône Alpes et dans le Nord Pas-de-Calais montrent que la partie est jouable. En Suisse, le label Minergie fixe la consommation maximale à 42 kWh/m²/an (plus de 3 millions de m² construits) et en Allemagne, 4 000 logements répondent aux normes du label Passivhaus (moins de 15 kWh/m²/an consommés). Autant d'exemples à banaliser et à multiplier… sans modération.

Charbon, pétrole, gaz (source : JM. Jancovici)
Charbon, pétrole, gaz : en 2010 les réserves seront épuisées (source : JM. Jancovici)
Raffinerie
Raffinerie
Locomotive à vapeur
Locomotive à vapeur