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Une façade de pierre qui ne laisse pas de marbre

Le nouveau siège social de la CNAMTS permet de regrouper sur un même site ses 1 300 collaborateurs (sur un total national de 2 000 salariés), jusqu'à maintenant dispersés entre les quartiers Montparnasse (ancien siège), Ourcq, Miromesnil et Nation. L'imposant ouvrage de 31 000 m² de surface utile, situé sur la ZAC Eugène Varlin, a été acheté à Bouygues Immobilier. Cette vente représente la deuxième et dernière tranche de l'aménagement de la ZAC par la SIDEC (Société d'Économie Mixte pour l'Aménagement et le développement économique de la Seine Saint-Denis). La première tranche, livrée en 2001, comprenait notamment deux hôtels dans la continuité de la rue du professeur André Lemierre.

Rééquilibrage géographique

Selon la CNAMTS, il s'agissait « en s'installant dans l'est parisien, de contribuer fortement au rééquilibrage économique et social de l'Île-de-France. Parallèlement, la CNAMTS participe à un meilleur équilibre des activités nationales en créant un pôle de santé et de recherche à Saint-Etienne et en développant ses sites informatiques en province. Grâce à son maillage territorial, le service public de l'assurance maladie contribue, et doit contribuer plus encore, à cette obligation d'équilibre et de solidarité entre les territoires. »

Le propriétaire des lieux annonce par ailleurs une économie annuelle de l'ordre de 6 à 7 millions d'euros. Au-delà cette ambition sociétale, le Frontalis vient marquer l'espace périphérique parisien, comme le font depuis plusieurs années déjà les deux tours "Mercuriales" à la Porte de Bagnolet.

L'ouvrage comporte deux corps de bâtiments autonomes en R+7, avec un mail piétonnier interne reliant les deux halls d'entrée principaux et desservant les espaces de services et de restauration en rez-de-chaussée. Les 1 500 m² de jardins intérieurs, peu visibles de l'extérieur, assurent un éclairage naturel d'un certain nombre des espaces attenants.

Quand la pierre le dispute au verre

Le Frontalis présente deux façades très spécifiques : l'un sur la façade proche du périphérique, l'autre sur la façade située à la perpendiculaire et un peu en quinconce de l'axe routier. La première est une façade "active" : en fait, une façade double peau qui permet de récupérer les calories entre les deux vitrages et d'assurer aussi un affaiblissement acoustique de 50 dB, particulièrement bienvenu dans cet environnement urbain. Cette double peau, réalisée par la société Goyer assure également la climatisation passive de l'ouvrage, sans apport de rafraîchissement artificiel. Elle a fait l'objet d'une étude thermique par le CSTB.

Le second lot incombe à la société Paralu/Bluntzer, en charge de la conception et de la mise en œuvre de 6 730 m² de façades, notamment celles situées à l'arrière de l'ouvrage ou donnant sur les patios intérieurs.

Tôle ou pierre de Bourgogne

La particularité de la façade rue Eugène Varlin tient au mélange et à l'alternance subtils entre pierre, éléments verriers et profilés aluminium. La pierre est incorporée au mur rideau comme une vêture. Cependant, selon les DTU, la pierre doit être mise en œuvre sur un support rigide type voile béton, et non sur des modules cadres aluminium comme c'est le cas ici. La démarche d'ATEx était incontournable. Elle porte sur les façades murs rideaux avec remplissages dont les produits verriers sont collés sur les cadres par mastic silicone.

Au droit du nez de dalle et au nu intérieur (jusqu'au R+6), des caissons en tôle isolés thermiquement par laine minérale et étanchés en périphérie par des cordons de mastic silicone, ont été mis en œuvre. Le parement extérieur de cette partie opaque est formé, soit de cassettes en tôle aluminium thermo-laquées (épaisseur 30/10), soit de panneaux de plaques de pierre (type Anstrude, originaire de Bourgogne). Les profilés de cadres des façades sont munis de barrettes pour rupture de pont thermique. Les modules cadres des parties courantes sont constitués de profilés alliage d'aluminium. Les modules sont emboîtés verticalement et horizontalement par l'intermédiaire de garniture d'étanchéité extrudée en EPDM. Les modules sont fixés au gros œuvre par des fixations ponctuelles en partie haute des montants au niveau des nez de dalle et éclissés sur les montants des modules superposés.

Un bouclier thermique et acoustique

La pierre blanche de Bourgogne mise en œuvre plus classiquement sur voile béton sur d'autres parties de l'ouvrage assure l'uniformité esthétique de l'ensemble. La façade de la rue Eugène Varlin apparaît comme un véritable bouclier thermique et acoustique : son épaisseur est de 14 cm, dont 3 cm pour la pierre seule. Chaque bloc de 185 kg est réalisé avec quatre pierres empilées verticalement et assemblées à joint ouvert. Ainsi que l'explique Thierry Dufait de la société Bluntzer,« les modules aluminium ont été préfabriqués en usine, mais les pierres ont été incorporées sur le chantier afin de limiter la casse lors du transport. Par ailleurs, nous ne mettons pas en œuvre de grands panneaux en raison de veines pas toujours décelables lors de la mise en œuvre et qui peuvent avec le temps finir par se briser. »

Fiche technique

  • Maîtrise d'ouvrage : Bouygues Immobilier
  • Maîtrise d'œuvre d'exécution : Coteba Management
  • Architecte : Cabinet Aukett Art & Build
  • Bureau de contrôle : Socotec

Pour l'ATEx :

  • Vitrage : Interpane
  • Pierre : Anstrude / Rocamat
  • Coupure thermique : Hydro Aluminium Expla
  • Lot façades: Paralu/Bluntzer et Goyer (pour l'ATEx rue du professeur André Lemierre)