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Revêtements de sol à base de bois : à quand le marquage CE et pourquoi ?

Que recouvre le marquage CE ? Dans ce domaine, les niveaux d'information des acteurs de la filière diffèrent. Certains industriels sont plutôt bien informés des enjeux de ce marquage, leurs organismes participant aux travaux d'harmonisation au niveau européen. D'un autre côté, les prescripteurs (maîtrise d'ouvrage, maîtrise d'œuvre, entreprises, distributeurs…) ne connaissent pas bien les différences entre la part réglementaire du marquage CE et la certification volontaire. C'est pour cet indispensable travail de pédagogie que le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment), le CTBA (Centre Technique du Bois et de l'Ameublement) et le LNE (Laboratoire National d'Essais) ont créé l'Espace Construction (voir encadré). Il a récemment organisé une journée technique sur le thème « Les revêtements de sol à base de bois : signes de qualité et évolutions européennes ». Une journée particulièrement dense dont voici l'essentiel.

Responsable du "Bureau normalisation bois et ameublement" au CTBA, Alain Demange explique simplement pourquoi le marquage CE a été créé, à quoi il sert et les conséquences de cette réglementation pour les fabricants et les prescripteurs de revêtements de sol à base de bois.

Ouverture du marché et protection des consommateurs

Première et importante précision : toute préparation de norme reste une démarche volontaire réalisée sur la base d'un libre consensus. Il ne s'agit pas d'une réglementation stricto sensu, puisque fabricants et acheteurs la mettent au point ensemble pour disposer d'un langage technique commun intégrant des méthodes d'essais qui donnent des résultats reconnus par tous. C'est ainsi que des normes ont été élaborées pour le parquet dans les années 90 et plus tard pour les stratifiés.

Mais puisque l'Union européenne doit garantir la libre circulation des produits et que la normalisation ne peut imposer la suppression des réglementations nationales, il fallait harmoniser les outils support de ces réglementations au sein de l'Union. De là, la DPC qui a, en fait, un double objectif : un objectif économique d'ouverture du marché et un objectif de protection des consommateurs.

Le schéma de la DPC est le suivant :

  • Les États membres ne peuvent autoriser la mise sur le marché que de produits aptes à l'usage, c'est-à-dire ayant des caractéristiques telles que les ouvrages dans lesquels ils sont incorporés satisfont à six exigences essentielles*.
  • Les États membres présument apte à l'usage un produit qui porte le marquage CE, ce qui signifie qu'il est conforme aux normes nationales transposant des normes harmonisées.
  • Les États membres ne peuvent faire obstacle à la mise sur le marché ou à l'utilisation sur leur territoire des produits qui satisfont aux dispositions de la DPC.

Concrètement, la Commission européenne mandate le CEN (Comité Européen de Normalisation) pour élaborer des normes "Produits du bâtiment" harmonisées. Une norme harmonisée comporte une annexe "ZA" réglementaire (qui donne la liste des caractéristiques du produit déterminant son aptitude à l'usage selon les dispositions de la directive 89/106 CEE sur les produits de construction), ainsi que les modalités de contrôle et d'attestation de conformité auxquels les fabricants doivent se conformer pour pouvoir apposer le marquage CE sur leurs produits. Le fabricant, ou son mandataire, qui procède au marquage CE doit avoir préalablement établi une déclaration d'attestation de conformité aux spécifications techniques visées par l'annexe ZA des normes applicables à son produit.

Il se trouve que les fabricants de revêtements de sol à base de bois ont plutôt de la chance… Leurs produits relèvent en majorité de la procédure d'attestation de la conformité de type 4, la moins exigeante. Dans ce système déclaratif, il n'y a pas d'intervention d'organisme notifié, les tâches du fabricant consistant à contrôler la production en usine et procéder à l'essai de type initial du produit. Les tâches concernent la résistance à la rupture (sauf pour les revêtements de sol à placage bois), la glissance, la conductivité thermique et la durabilité. Pour de rares cas, il est demandé la procédure d'attestation de type 3 avec intervention d'un organisme notifié pour l'essai de type initial (substances dangereuses - COV, composé organique volatile, comme la formaldéhyde dans les colles et les vernis s'il y en a - et aussi certains niveaux de réaction au feu selon l'usage prévu). « Il est impératif pour chaque fabricant de se mettre en conformité avec les normes dont son produit dépend », insiste Alain Demange.

Le calendrier de mise en place du marquage CE sur les revêtements de sol à base de bois devrait être le suivant : publication de la norme harmonisée européenne vers la fin de cette année ; préparation du dispositif réglementaire français et rédaction de l'arrêté (les Pouvoirs publics consulteront les professions concernées sur le projet d'arrêté) ; après publication de cet arrêté au Journal Officiel, période de coexistence de 9 à 12 mois pour écouler les produits n'ayant pas le marquage CE ; printemps 2006 : généralisation du marquage CE obligatoire.

(*) Exigences essentielles : résistance mécanique et stabilité ; sécurité en cas d'incendie ; hygiène, santé et environnement ; sécurité d'utilisation ; protection contre le bruit ; économies d'énergie et isolation thermique.

Le boom du marché du parquet

  • Définition
    Le parquet est un revêtement de sol ayant au minimum 2,5 mm de couche d'usure en bois. Cette épaisseur le différencie d'un stratifié ou d'un revêtement à placage bois (la confusion entre les différents revêtements de sol vient souvent de la qualité qu'a pris le placage ces dernières années). Les parquets contrecollés ou flottants représentent 70 % des ventes.
  • Marché
    En France, le marché du parquet ne représente que 4 % (revêtements textiles 31 % en baisse ; carrelages 29 % ; sols plastiques 20 % ; stratifiés 15 % en hausse ; autres 1 %).
  • Tendances
    Entre 1988 et 2003, le marché du parquet a été multiplié par deux en Europe. Cette année, il sera d'environ 80 millions de m2. L'Allemagne est toujours numéro un en terme de consommation (mais en baisse), suivi de l'Espagne (en hausse).
  • Raisons du succès
    Le bois est un produit naturel, renouvelable, écologique. Le parquet est facile d'entretien, il ne génère généralement pas d'allergie, les systèmes de pose sont de plus en plus simples (de moins en moins de colle).

Les différentes normes

Parquet Norme harmonisée EN 14342.

Normes spécifiques EN (publiées en 2003-2004, sauf une en 2005) :

  • NF EN 13226 : Planchers en bois - Éléments de parquet massif avec rainures et/ou languettesNF EN 13227 : Planchers en bois - Produits de lame parquet massif
  • NF EN 13228 : Planchers en bois - Éléments de parquet en bois massif de recouvrement, bloc anglais compris, avec un système de guidage
  • NF EN 13488 : Planchers et parquets en bois - Éléments de parquet mosaïque
  • NF EN 13489 : Planchers et parquets en bois - Éléments de parquet contrecollé
  • NF EN 13629 : Planchers en bois - Lames à planchers massives pré-assemblées en bois feuillu
  • NF EN 13990 : Planchers et parquets en bois - Lames à planchers massives en résineux
  • pr EN 14354 : Revêtement de sol à placage bois
  • pr EN 14761 : Planchers en bois - Parquets en bois massif - Lamelles verticales sur chant et à coupe de pierre (2005) Revêtements de sol stratifiés

Norme harmonisée EN 14041.

Norme produit NF EN 13329

Espace Construction : un partenariat au service de l'Europe

Avec Espace Construction, le CSTB, le CTBA et le LNE ont créé une structure informelle pour favoriser l'ouverture de la filière sur le marché européen. Dans ce cadre, les responsables de ces trois entités se réunissent périodiquement, examinent la dimension européenne de leurs actions, étudient les axes de collaboration. Pour concrètement asseoir ce concept et illustrer ce partenariat, il a été décidé fin 2003 d'organiser des journées techniques. Trois rencontres ont ainsi été organisées cette année : la première le 3 juin au LNE sur les conduits de fumée métallique ; la deuxième le 6 juillet au CSTB sur les isolants thermiques ; la troisième le 28 septembre au CTBA sur les revêtements de sol à base de bois. Une quatrième journée sera organisée, au CSTB, le 16 mars 2005 sur le thème des menuiseries.