Citroën fait son show-room

Show-Room Citroën

Après les constructeurs d'automobiles Renault, Peugeot, Mercedes et en attendant l'arrivée prochaine de Toyota, c'est au tour de Citroën de prendre ses marques sur les Champs-Élysées. En lieu et place d'un restaurant viendra se lover dans une parcelle microscopique (11 m de large sur 30 m de profondeur) un ouvrage à nul autre pareil.

Le 42 avenue des Champs-Élysées est une adresse mythique pour Citroën qui, propriétaire des lieux depuis 1927, l'exploita dès l'année suivante comme lieu d'exposition permanent de ses véhicules et des services associés. Avec ce projet architectural, Citroën revient ainsi à la fonction première du show-room : un lieu où l'on expose les produits, contrairement à la tendance de ces dernières années qui profitait de l'automobile pour vendre d'autres prestations (la restauration et les gadgets notamment).

Mise en scène orchestrée

En confiant en 2004 la maîtrise d'œuvre à Manuelle Gautrand, Citroën a su matérialiser cette volonté en architecture. Car la réalisation tire sa valeur ajoutée de son enveloppe en verre qui viendra à terme recouvrir la dent creuse actuelle, une sorte de papier cadeau Hi-Tech abritant mais surtout laissant voir les joyaux de la marque.

Manuelle Gautrand s'est déjà illustrée dans le passé par plusieurs projets marquants : deux stations VAL à Rennes, le centre dramatique national du Pas-de-Calais à Béthune, deux ouvrages aéroportuaires à Nantes. Plus récemment, son agence vient de reporter le concours de la rénovation du théâtre de la Gaieté Lyrique à Paris.

Le projet du "centre de communication" de Citroën prévoit une mise en scène orchestrée des véhicules à travers une spirale en mouvement composée de huit plateaux superposés et rotatifs. Cet espace de
1 200 m², très épuré, comporte des ascenseurs et une série de passerelles qui permettent de se rendre d'un véhicule à l'autre. L'ouvrage est baigné de lumière, grâce à une enveloppe composée de 700 m² de vitrages et formée de trois zones en continuité. : une partie frontale verticale côté avenue des Champs-Élysées, une partie en verrière courbe au faîtage, et une partie arrière comportant elle même une façade inclinée et une verrière. L'ATEx porte sur l'ensemble de la façade constituée d'une résille dans laquelle sont enchâssées des pyramides de verre réalisant le clos et le couvert du bâtiment.

Une résille métallique tridimensionnelle

La résille, qui avec les panneaux de verre forment l'ossature porteuse, comprend des profilés préfabriqués en usine de forme triangulaire d'une hauteur totale de 160 mm pour une largeur en tête de 100 mm et une largeur en pied de 40 mm, et dont la répartition est dictée par la reprise des efforts. En rive, un profilé rectangulaire de 100x250 mm est mis en œuvre pour assurer la réalisation des appuis sur la charpente du bâtiment et l'interface avec les lots finition. La résille est entièrement glissante par rapport à la structure métallique du bâtiment, hormis en deux points à l'avant et à l'arrière de celle-ci. Les doubles vitrages, des verres isolants composés de vitrage feuilleté intérieur et extérieur avec lame d'air de 24 mm, sont maintenus en place par des plats serreurs en tôle pliée.

La partie avant de la façade, coté Champs, est composée de 19 pyramides de verre de type VEC (verre extérieur collé) de dimensions variables. Dans la partie basse correspondant au logo Citroën, la pyramide est un tétraèdre, toutes les autres pyramides ayant 4 faces. A noter que ces pyramides forment un remplissage de la résille et ne servent en cela en rien au fonctionnement et à la stabilité de l'enveloppe.

Une enveloppe fluide de 86 tonnes

En pied des pyramides, les vitrages sont maintenus de la même façon que les vitrages de la résille. Au sommet de la pyramide, les vitrages sont pris en feuillure par un système de cabochon constitués d'un élément intérieur et d'un élément extérieur.

Les panneaux de verre de l'enveloppe comportent dans la lame d'air du Kapipane, un produit type nid d'abeille qui assure l'occultation partielle de la façade, essentiellement en partie haute du bâtiment. Les panneaux de remplissage de la résille sont de forme triangulaire. Ils sont maintenus sur les trois côtés par un système de profilés drainant et de couvre joint serreurs.

La pose de l'enveloppe s'effectuera de façon continue, de la partie arrière en partant du bas et en remontant vers le faîtage et la zone de la grue (située au milieu du bâtiment dans la partie verrière) puis par la partie de l'avenue des Champs-Élysées.

Pour des raisons de sécurité et parce que le chantier donne directement sur une sortie de métro, la grue ne sera utilisable que de nuit et uniquement dans les heures de fermeture du réseau souterrain de transport public. Aussi, plus de cinq mois seront-ils nécessaires pour mettre en œuvre la totalité d'une enveloppe qui, à elle seule, pèsera la bagatelle de 86 tonnes !