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Revêtements de sol : attention à la marche ?

Les semelles rigides d'un marcheur peuvent générer un bruit désagréable, pour lui-même et les personnes présentes. Cette production de bruit indésirable est particulièrement sensible dans les grands bureaux paysagers, les couloirs d'hôtel ou d'hôpital. On sait que marcher sur un carrelage fait du bruit, ce qui n'est pas le cas sur une moquette. Mais qu'en-est-il de revêtements tels que les sols souples en vinyle, les parquets bois ou stratifiés, flottants ou collés ? Certains sont peu bruyants, d'autres bien davantage. Une méthode objective de caractérisation de cette performance était donc nécessaire.

Cette question a fait l'objet de nombreuses études en France et à l'étranger, principalement en Suède, au Danemark et en Allemagne. La méthode de caractérisation se devait de satisfaire à plusieurs critères : déceler les différences sensibles de sonorité entre deux produits proches, représenter la performance sur une échelle qui traduise bien la perception de sonorité, utiliser des moyens de mesure, des postes d'essai et des indices familiers au monde de l'acoustique du bâtiment. Certains industriels, ceux des sols stratifiés par exemple, souhaitaient également traduire en chiffres le caractère plus ou moins agréable du bruit émis au cours de la marche, tâche beaucoup plus complexe.

Les essais de sonorité à la marche se pratiquent dans un laboratoire d'acoustique traditionnel, en utilisant les mêmes équipements que pour la mesure d'amélioration de l'isolation au bruit de choc, laquelle se fait d'ailleurs en même temps. Il est cependant indispensable de rendre plus silencieuse la machine à choc de manière à ce que le bruit propre de la machine ne perturbe pas la mesure. Le laboratoire d'acoustique du CSTB, le LABE, est équipé pour cet essai.

Des résultats d'essais sur des produits aussi différents que des sols textiles, des vinyles, des parquets ou stratifiés, des sols en céramique, sont disponibles chez les industriels ou dans la base de données du logiciel ACOUBAT. Les performances peuvent varier de plus de 40 dB entre le plus silencieux et le plus bruyant.

Une faible sonorité à la marche peut être avantageusement utilisée par les industriels afin de mettre en avant l'efficacité de leurs produits, les situer par rapport à la concurrence et justifier l'utilisation de produits plus silencieux à plus forte valeur ajoutée. Mais la notion de sonorité à la marche est également un argument pour les prescripteurs, qui peuvent assurer une performance dans le projet sans décrire le produit utilisé, laissant le libre choix à la conception architecturale. Ainsi, la norme NF S 31 0 74 objective la qualité d'un produit et ouvre un marché nouveau tout en satisfaisant aux besoins des utilisateurs.

Une référence pour la HQE

La France a été le premier pays d'Europe à publier une norme sur ce sujet en 1995. Elle satisfait bien entendu aux critères et est d'ores et déjà utilisée comme référence dans plusieurs référentiels existants ou en projet. Par exemple, dans le référentiel HQE, la cible 9 "Performances acoustiques" permet de limiter le bruit de marche dans les bureaux paysagers.

Comparaison entre l'amélioration aux bruits de choc (ΔLw) et sonorité (Ln,e,w en dB(A)) de plusieurs familles de revêtements de sols.

De norme en norme

La France a été le premier pays d'Europe à publier une norme sur ce sujet en 1995, norme qui a été révisée en 2002 (1). Par la suite, l'EPLF (2), association privée de producteurs de revêtements de sols stratifiés, a publié en 2004 une norme assez différente de la norme française. Enfin, le Comité Européen de Normalisation (CEN), à travers le Comité Technique TC 126 (dont la présidence est assurée par le CSTB), a mis en chantier une norme qui devrait aboutir dans deux ou trois ans et qui est fortement inspirée du texte français.

(1) Norme NFS 31074
(2) European Producers of Laminate Flooring, EPLF NORM 021029-3