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Artisans, acteurs de la diffusion des meilleures pratiques énergétiques

Energie chère, développement des énergies renouvelables, évolution des attitudes et modes de vie des particuliers liées notamment à la prise de conscience du changement climatique et de la baisse des ressources primaires... Le contexte est plus que favorable à une réhabilitation du cadre bâti prenant en compte les matériaux et techniques générateurs d'économies d'énergie. En tant que prescripteurs auprès des particuliers, les artisans ont un rôle crucial à jouer dans ce domaine. Comment intègrent-ils les nouvelles contraintes dans leur métier ? Pour le savoir, l'ADEME a demandé une étude au CSTB. Etude qui a porté sur deux régions françaises : les Pays-de-Loire et la région Rhône-Alpes.

La première étape a consisté pour les sociologues du CSTB à déterminer qui étaient ces artisans. Des pionniers, des artisans spécialisés en seconde carrière, des artisans débutants convaincus, des traditionnels mercantiles, des artisans traditionnels (voir encadré) ? La connaissance de leur profil permet de lancer des actions adaptées et de mieux comprendre les enjeux et modes de fonctionnement de chacun.

De nouveaux métiers

L'étude constate que le métier d'artisan se modifie avec la nécessité d'offrir des compétences transversales : le bâtiment doit être considéré en tant que "système" et non en tant qu'un ensemble d'éléments.

Parmi les énergies renouvelables disponibles, c'est le solaire qui révolutionne le plus le métier : les innovations interviennent aussi bien au niveau des techniques que de l'organisation. Le plombier, par exemple, active de nouvelles compétences en chauffage, génie climatique, couverture... Ainsi, de nouveaux métiers apparaissent : les installateurs/mainteneurs, l'assemblier, les techniciens en énergies renouvelables, qui tendent à remplacer les plombiers/chauffagistes, électriciens, frigoristes ou couvreurs.

Le point faible de l'évolution du métier d'artisan reste la formation continue. "Il est impératif de créer une nouvelle offre de formation globale afin de répondre à une meilleure professionnalisation des artisans pour l'intégration des nouvelles techniques et matériaux, précise Chantal Laumonier, sociologue. Cette offre de formation globale doit déboucher sur des compétences prenant en compte à la fois l'enveloppe et les solutions de chauffage en dotant le cursus de modules solaires et liés au bois énergie. L'assembleur mobilise à lui seul plusieurs compétences. Il abolit les frontières traditionnelles. Il est un véritable défi en termes de formation professionnelle."

Artisans : qui sont-ils ?

  • Les pionniers. Ces artisans qui se sont tournés vers les énergies renouvelables dès la fin des années 70 et ont progressivement orienté la totalité de leur activité dans ce champ. Ils ont de fortes convictions écologiques.
  • Les artisans spécialisés en seconde carrière. Ils s'engagent dans une seconde carrière, tournée vers les énergies renouvelables. Ils ont suivi une formation initiale classique (BEP/CAP) et réorientent leur activité. Ils apportent un conseil sur une approche globale des situations.
  • Les artisans débutants convaincus. Motivés et sensibles aux enjeux des énergies renouvelables, ils ont une vision globale du sujet et donnent une dimension éthique à leur démarche. Ils possèdent une solide formation de base (BEP/CAP/Bac pro/BTS), pensent qu'ils vont trouver un métier d'avenir dans ce secteur et ont un projet professionnel.
  • Les traditionnels mercantiles. Ils considèrent le développement durable comme un marché aujourd'hui rentable. Souvent associés à des fabricants, ils développent des stratégies commerciales et territoriales en devenant concessionnaires exclusifs. Ce groupe représente encore un nombre restreint de professionnels qui se développe néanmoins.
  • Les artisans traditionnels. Constituant la majorité des professionnels, ils s'engagent dans les énergies renouvelables et les procédés innovants d'isolation. Ces activités représentent un chiffre d'affaires d'environ 15 % réparti sur les chaudières à bois et les CESI.