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Qualité de l'air intérieur : résultats de recherche de PRIMEQUAL

Mannequins thermiques mis en place dans le laboratoire Asteria à échelle 1 sur le site de Marne-la-Vallée du CSTB. Ils reproduisent la chaleur émise par des corps humains, qui impacte l'aéraulique de la pièce. Ces mannequins sont un élément du dispositif expérimental mis en place pour étudier la diffusion de virus respiratoires, émis par une personne infectée dans un environnement intérieur.

Assurer le renouvellement d'air de manière contrôlée et efficace dans les nouveaux bâtiments : un enjeu clé. La qualité de l'air intérieur est en effet impactée par la performance énergétique renforcée des bâtiments et aussi par l'usage de nouveaux matériaux dits intelligents ou actifs. Par ailleurs, la maîtrise des agents microbiologiques véhiculés dans l'air intérieur, reste une priorité de santé publique. La compréhension et la gestion de ces enjeux sont aujourd'hui éclairées par la recherche. Découvrez les résultats du programme partenarial PRIMEQUAL, dédié à une meilleure qualité de l'air dans les environnements intérieurs. Fruit de 4 années de travaux, il a été mis en œuvre par le ministère de l'Environnement, de l'Énergie et de la Mer et l'ADEME. Le CSTB préside le conseil scientifique du programme PRIMEQUAL.

Le programme de recherche PRIMEQUAL vise à fournir les bases scientifiques et les outils nécessaires aux décideurs et aux gestionnaires de l'environnement pour surveiller et améliorer la qualité de l'air intérieur et extérieur. Il s'agit par-là de réduire les risques pour la santé et l'environnement. PRIMEQUAL vient de publier les résultats de 8 projets R&D dédiés aux « Nouveaux bâtiments et matériaux, expositions multiples, agents biologiques », dont 4, présentés ci-après, sont portés par le CSTB.

IMP-AIR : « Impact des matériaux photocatalytiques sur la qualité de l'air des environnements intérieurs » (CSTB, CEA)

Le marché voit se développer des matériaux nano-additivés dont une grande partie revendique une action dépolluante de l'air. Le projet IMP-AIR a étudié l'efficacité, l'innocuité et la pérennité de plusieurs matériaux photocatalytiques soumis à différentes conditions de vieillissement : des céramiques, des peintures, des enduits et des lasures. Le projet a apporté des connaissances nouvelles sur l'impact de ces matériaux sur la qualité de l'air intérieur. Cela concerne notamment les sous-produits réactionnels formés en présence d'une pollution chimique représentative des environnements intérieurs, et le relargage de (nano)particules lors de sollicitations mécaniques.

TRIBU : « Suivi dynamique en temps réel de la qualité de l'air intérieur dans un environnement de bureaux » (CSTB, Université Paris-Est Créteil Val de Marne – CERTES)

Avec l'essor du bâtiment numérique et l'arrivée de capteurs et d'objets connectés, de nombreuses données permettront de mieux comprendre et gérer la qualité de l'air intérieur. L'instrumentation d'un espace de bureau de 2012 à 2015 a permis d'analyser la dynamique d'évolution des polluants, et de mettre en évidence le rôle majeur de la présence des occupants et de leur activité sur la qualité de l'air. Le projet TRIBU s'est appuyé sur une méthodologie d'exploitation innovante des données grâce à un panel d'outils statistiques et à la modélisation numérique. Il a ainsi analysé les fluctuations de polluants pour mieux les comprendre et prévoir leurs effets sur la qualité de l'air.

VIROSES : « Étude des déterminants environnementaux de l'exposition virale : application à la surveillance et à la gestion des viroses respiratoires dans une salle de classe » (CSTB, Université Paris-Est Créteil Val de Marne – CERTES, Institut universitaire de Cardiologie et de Pneumologie de Québec, Canada)

Les infections causées par des virus respiratoires représentent près de 80 % des infections contractées dans les espaces clos, pouvant provoquer des décès chez les personnes contaminées. Le projet VIROSES s'est penché sur l'étude de l'exposition des occupants aux virus respiratoires et la recherche de solutions pour réduire les risques de contamination. Pour cela, une approche comprenant des expérimentations en laboratoire, à échelle 1 et dans une salle de classe occupée en période d'épidémie de grippe, a été développée pour mieux comprendre le comportement de virus issus d'émissions oropharyngées dans un espace clos. Les chercheurs ont notamment montré la possibilité de réduire la contamination virale en agissant sur l'hygrométrie, ou bien encore, sur la nature des matériaux des surfaces en présence.

MYCOTOX : « Moisissures dans les environnements intérieurs : problématique des mycotoxicoses respiratoires » (CSTB, UMR INRA/INPTI331 – Toxalim)

Les mycotoxines sont des métabolites secondaires produits par des moisissures au cours de leur développement. La présence fréquente d'espèces toxinogènes (i.e. qui produisent des mycotoxines) dans les habitations présentant un développement fongique visible, pose la question de l'éventuelle exposition des occupants à ces composés toxiques par contact ou par inhalation après aérosolisation.
Ce projet avait pour objectif de caractériser la toxinogénèse de trois espèces fongiques contaminant fréquemment les habitats lors de leur développement sur différents matériaux d'aménagement intérieur. Et ce, pour proposer deux outils de surveillance et de mesure de l'exposition.
Parmi les supports considérés, le papier peint s'est révélé être le plus favorable à la croissance fongique et à la synthèse de mycotoxines des trois espèces étudiées. La caractérisation des mycotoxines en aérosols a mis en évidence que ces substances toxiques pouvaient se retrouver dans l'air et être inhalées par les occupants des environnements infestés. Ces données ont été mises à profit pour proposer une méthodologie de mesure de l'exposition des individus à ces bioaérosols potentiellement délétères.

En savoir plus :

Contact : alexandre.jolibois@cstb.fr

À propos : PRIMEQUAL www.primequal.fr

Programme de recherche inter-organismes sur la qualité de l'air mis en œuvre par le ministère de l'Environnement, de l'Énergie et de la Mer (MEEM) et par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME). Il vise à fournir les bases scientifiques et les outils nécessaires aux décideurs et aux gestionnaires de l'environnement pour surveiller et améliorer la qualité de l'air intérieur et extérieur afin de réduire les risques pour la santé et l'environnement. Il présente la particularité de réunir plusieurs disciplines scientifiques concernées par la pollution de l'air et ses impacts : sciences physiques (métrologie, chimie, aéraulique, météorologie), sciences de la vie (biologie, toxicologie, épidémiologie, écologie), mathématiques (modélisation, statistique) et sciences sociales (économie, sociologie, psychologie de l'environnement, etc.).

Conseil scientifique présidé par Séverine Kirchner, directrice Santé-Confort, CSTB
Animation scientifique assurée par l'INERIS.

Bioaérosol : agent biologique véhiculé par l'air, provenant d'un organisme vivant, animal ou végétal